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28 avril 2012 6 28 /04 /avril /2012 21:11

Faut-il baisser les salaires pour faire gagner de la compétitivité aux pays de la zone euro en difficulté ?

  • Relevé dans la revue 'sur interenet) de Alternatives économques - lettre d'information du 26 avril 012 (article de Christian Chavagneux)

Très intéressante petite synthèse de Patrick Artus de Natixis qui montre l’inefficacité des politiques de « dévaluation interne » (baisses de salaires) censées redonner de la compétitivité à la Grèce, au Portugal, etc. Leur seul résultat est de tuer la demande interne.


La crise des dettes publiques a souligné l’hétérogénéité des pays de la zone euro, ceux du Sud de la zone affichant des déficits extérieurs, et donc des besoins de financement, importants. C’est pourquoi il leur est demandé aujourd’hui par les instances européennes de diminuer leurs salaires afin de regagner en compétitivité. Et les salaires baissent effectivement. Mais quel en est le résultat macroéconomique ?


Les économies y gagnent en compétitivité si elles avaient auparavant un problème de compétitivité prix. Celui est souvent diagnostiqué par le fait que pour un coût salarial unitaire de 100 en 1999 (au moment de la création de l’euro), il se situe à un peu moins de 110 en Allemagne et autour de 135-140 pour l’Espagne, la Grèce, l’Italie et le Portugal.

 

Sauf que, partant de niveaux bien plus faibles que celui de l’Allemagne en 1999, même avec une progression rapide, ils restent inférieurs au coût allemand (28,80 dollars par heure dans l’industrie, cotisations sociales comprises en Espagne, contre 43,9 en Allemagne et d’ailleurs 45,3 en France pas vraiment plus chère, mais c’est un autre débat).

 

D’après les calculs d’Artus, seule l’Italie a un problème de prix qui se lit dans le fait qu’elle est le pays qui a le plus perdu de parts de marché à l’exportation.

 

Mais, peu importe, même dans les pays où le prix des exportations n’est pas un problème, une baisse des coûts ne peut pas faire de mal et aider à soutenir la croissance ? Non, répond Patrick Artus. Dans les quatre pays en difficulté, la baisse des salaires a amélioré la profitabilité des entreprises mais sans effet favorable sur la compétitivité et sur l’investissement. En fait, l’effet direct de ces baisses de salaire est de tuer la demande des ménages et donc de ne pas inciter les entreprises à investir, le tout plombant la demande interne dans des pays où la politique budgétaire est déjà orientée du côté de l’extrême rigueur.

 

Bref, en contribuant aux forces déflationnistes, ces politiques aggravent les problèmes de dette publique de ces pays et nourrissent les tensions dans la zone euro. Il ne faut pas chercher plus loin la raison pour laquelle après l’Espagne, l’Italie a annoncé qu’il lui faudrait plus de temps que prévu pour maîtriser son déficit budgétaire.  

 

Sans soutien à l’activité, l’Europe ne s’en sortira pas.

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